où je suis
Ce texte , où je suis, a commencé d’exister en 2007. Il est à la croisée de mon questionnement poétique et d’une réalité qui m’a touchée de près en 2008 lorsqu’une famille de réfugiés kosovars dont s’occupait une amie a été renvoyée de France.
A ce moment là j’espérais créer une collection “ sans papier ” pour une microfabrique de poésie. En fait de collection, c’était en train de devenir un espace communautaire, sans papier sur le site de
laps / le s & a.
Puis j’ai reçu cette proposition d’Edith Azam,
cent portraits sans papier.
Le but d’Edith était de créer un outil nomade dans lequel avaient été invités 100 artistes, écrivains, psychanalystes et philosophes afin de soutenir la cause des sans papiers.
Cette nécessité pour moi d’écrire un texte sur les “sans …” revient de loin. J’ai retrouvé dans mes bouts de brouillons une phrase qui dit “ j’écris pour les absents”. Cela signifie que j’écris pour les morts , en leur mémoire, même ceux que je ne connais pas personnellement, mais aussi et surtout pour les vivants, celles et ceux qui ne sont pas des pièces suffisamment bien huilées pour faire tourner la machine économique, les ronins, les sans emploi, sans domicile fixe, sans papiers, sans famille, sans voix, etc. car au fond nous sommes tous absents quelque part. C’est aussi cette absence là que je questionne dans mon projet poétique car c’est en laissant place au vide, au silence que je peux respirer, me respecter et respecter les autres. Là je me sens exister.
Ce texte est paru dans la revue No Dogs n°8 dont le thème était
rônin.