Laps, une idée de la vacuité
“C’est chaque fois au moyen du vide que le peintre fait sentir les pulsations
de l’invisible dans lequel baignent toutes choses.”
François Cheng, Vide et plein : le langage pictural chinois,
éd. du Seuil, 1991
Depuis sa création, Laps / le suc & l’absynthe a été économiquement improductive.
Laps / le s&a ne comptait pas dans le PNB du pays.
Laps / le s&a ne contribuait pas à la production de biens.
Laps / le s&a ne créait pas de richesses.
Laps / le s&a a été cette forme évasée, ce creux, ce vide sans lequel le pichet d’eau ne serait pas.
Laps ne cherchait pas à produire, vendre, rentabiliser, Laps élaborait des projets poétiques en collaboration étroite entre auteur-éditeur, Laps souhaitait propager la poésie pour donner une vision responsable, consciente et créative de la réalité, du monde comme nous l’avons hérité afin d’envisager un futur humain, animal, végétal, minéral, sidéral… sidérant.
Par son savoir-faire artisanal [fabrication mains, papier de récupération] et le choix de ne publier que peu de titres à peu d’exemplaires, Laps / le s&a exprimait son engagement contre la société de marchandisation et la croissance économique.
Devant la surabondance de biens en général, la dissolution de l’art, de la littérature et de la poésie dans la logique économique, Laps affirmait et affirme toujours que la conscience du vide et du temps qui passe peut agir sur notre siècle comme le révélateur en photographie et déclare cette position artistique capable de profonds bouleversements sociaux, esthétiques et philosophiques.
Aujourd’hui Laps appelle à une esthétique de la lenteur, du vide, du silence.