laps 14

laps 14


édito-idéo-otidé

De elle à vous en passant par nous
resserre nous un verre
soif de ce que tu nous
abreuve
d“Edith coule l’Azam
en nos
coupes
soif
encore un
un pour la route
que nous
nous ouvrons
malgré la soif
mais surtout la soif

vidée la bouteille.
Distiller distiller
revoir la fabrication
ses systèmes et
changer d’alambic
les ingrédients, les ustensiles,
sont là
sont bons

refaire la cave
“édition en fondation”
nouvelles plantes et
recettes découvertes
Opus 1 avant l’opus 1

Le suc dit à l’absynthe
qu’il faut un laps
pour…

Tout arrive et nous fait
savourer le cru nouveau
le cru dernier cri
double v…….double v

sucabsynthe.net
internet interne et repartir

Alors rendez-vous est pris,
tous les jours
dernier cri premier :
sucabsynthe@free.fr
la vigne est belle
bientôt dans nos fûts
faire le choix
de faire la cuvée
quand elle est faite
tirer le vin
tirer le suc
suc, absynthe, laps, vin, soif, éditer.

pierre clémente



Un objet silencieux de Edith Azam et Valérie Schlée

Au cœur d’une rencontre, souvent (toujours ?), un mystère. Pourquoi elle pourquoi moi / pourquoi moi pourquoi elle. Elles ? Edith Azam, rouge, Valérie Schlée, noir. Au cœur de la rencontre, un livre singulier et prenant : Un objet silencieux
J’ai pu rencontrer les deux auteurs au Marché de la poésie et les interroger sur leur livre.

Si l’on remonte le cours du temps que découvre-t-on ? Un atelier d’écriture, celui de Hervé Piekarski, et une présence, celle de Charles Pennequin. Ce jour-là, Edith Azam lit à haute voix un texte qu’elle vient d’écrire et sa façon de lire et plus encore peut-être sa voix attirent et intriguent Valérie Schlée. Elles se parlent, elles décident de s’écrire ; par voie postale puisqu’elles habitent l’une à Montpellier, l’autre au Sud de Carcassonne. Cette correspondance avec son tempo bien particulier, presto pour Edith, largo pour Valérie tourne de plus en plus autour de l’écriture, de la relation de l’une et l’autre à l’écriture mais aussi de l’écriture de leur relation. S’impose alors naturellement l’idée d’en faire un livre et à partir de ce moment-là la correspondance s’amplifie et s’oriente vers ce projet. Textes et mots circulent, permutent, s’échangent, se répondent.

Le résultat : ce très beau recueil, Un objet silencieux, édité par une petite maison d’édition associative de Lyon Le Suc et l’Absynthe. 200 exemplaires entièrement fabriqués à la main*, couverture rouge en carton ondulé doublé de papier calque, encres de Paoli Di Prima. Et ce texte duel qu’on a envie de comparer à la double hélice de l’ADN tant l’encre noire de l’une et l’encre rouge de l’autre semblent s’enlacer en un projet vital commun.
Un objet silencieux, le livre, enfant improbable de la rencontre. Né d’une sorte de pas de deux, où les écritures, les esprits, les cœurs, les corps se frôlent, se cherchent, se répondent mais aussi choisissent de rester dans le suspens, dans le « tiraillement entre ce qui naissait de l’écriture et ce qui se vivait dans la relation ». Autour d’une sorte de non-dit, de silence central, tel le vide du vase, le vide qui donne forme au livre, l’objet silencieux. « Notre histoire demeure dans l’innommable [qu’il faut prononcer bien sûr in-nommable], dans la verticalité des songes ». La nommer, de quel que nom que ce soit – amour / amitié – aurait sans doute tari la double écriture, tué l’objet silencieux.

©florence trocmé
article paru sur poezibao le 19 juin 2006



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