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édito-idéo-otidé
“Oui ou non :
Oui, le dessein de Laps est la rencontre entre le texte et l’image.
Non, le dessin de Gabriel Dumoulin est sans texte.
Oui, le dessin de Gabriel Dumoulin est écriture. Il détourne les codes de la bande dessinée. Il oscille entre autobiographie et fiction – il ne dit pas la vérité – mais essaie de dire le vrai – il raconte souvent le moi, il dit “je”.
Oui, le dessin de Gabriel Dumoulin est littérature.
Non, il n’y a pas de mots.
Oui, il y a deux mots dans le titre. “En boîte”, il y a deux mots.
Oui, le titre est littérature car il est polysémique. La littérature est ambiguïté, “ironique” disent les critiques. Trouvez l’ironie et vous saurez s’il y a là littérarité. Grande ironie, grande polysémie, auteur majeur.
Non, Gabriel n’est pas majeur car il fait de la bande dessinée.
Ma grand-mère professeur de Lettres a une très belle collection de bandes dessinées.
Sortons des cases.
Non, pas de littérature sans mots. oui, la bande dessinée est syntaxe.
Oublions les cases.”
Mihai Saa
“Oui :
Oui. Sautons à pieds joints hors des cases. C’est aussi le dessein de Laps. Oui. Faisons exploser toutes ces normes, ces codes qui aliènent.
Oui. Il n’y a que deux mots. Et alors, on confond bien littérature et lecture aujourd’hui. Trop de spéculation, peu de pensée. Théoriser et ne pas agir. Voilà à quoi ressemblent nos civilisations occidentales. Oui. Le monde est à l’envers.
Oui. La bande dessinée est un acte créatif, et comme tout autre art, elle induit le partage. Elle a le pouvoir étrange de faire naître cet imaginaire collectif qui nous fait tellement défaut. Oui. Oui. Mettons en marche nos petits cerveaux de terriens. Oui. Donnons à nos imaginations la possibilité de changer quelque chose, même infime.
Oui. Nos rêves transformés en actions vaudront tous les mots du monde.
Oui. il y a un texte dans ce numéro, celui de Catherine Mary.
Oui. Il est totalement indépendant de la planche de Gabriel. Il nous dit qu’il faut nous heurter à nos maux, ces mots scellés aux coeurs et aux corps.
Oui. Il n’y a qu’un mot, un seul, à retenir. AMOUR. Et tout l’univers en suspend – tout entier – le monde dans ce mot.”
Abeilles
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Dire
Les mots
émotions
Bloquées quelque part
Dans le larynx
Mots coincés dans émotions
Comment dénouer ce mot-là ?
é-mo-t-ions
Que faire
de ce é
Et de cet appendice
tion ?
De tion à ton, il n’y a qu’une lettre
Je la vole
tion sera ton
Et avec ton
Je me rapproche de toi
Où même, si j’enlève le “n” de tion
Et que j’en bouge les lettres,
J’en arrive à toi
De tion à ton et à toi
Il n’y a qu’une lettre
Une lettre volée qui vole
Quelque part encore entre toi et moi
Je la vois qui danse, la lettre volée
Que je ne peux plus attraper
Je m’embarque avec ce “n” là
Qui me sépare de toi
Et j’attrape “e” au passage
Le “e” qui reste avec mot,
Une fois que j’ai attrapé toi de émotions
Il en reste e-mot
mots électroniques qui ont glissé sur nos écrans
ce “e” là me rapproche aussi de toi
de e-mot à e-mail
il n’y a qu’un léger glissement
que je saisis
nos e-mots sont aussi
des e-motions
Si je garde le “n” et que je cache toi
dans e-motion
Alors j’en arrive là :
Finalement,
Ces émotions
Celles qui tracent la frontière
Entre ce que je dis et ce que je voudrais dire
Elles contiennent TOUT
Et surtout,
Tous l’M-ots que je n’ose pas dire
Catherine Mary |